La formation professionnelle, une des clefs de la coopération internationale
Mardi 30 septembre se tenait le colloque de l’Afpa autour des questions de coopération internationale que soulèvent la formation professionnelle. L’événement, qui se déroulait au ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, explorait le rôle stratégique de la formation professionnelle dans un contexte de coopération internationale. Une centaine de personnes s’était réunie pour l’occasion.

Des défis sécuritaires et démographiques qui appellent à l'action
Malheureusement, la planète n’a jamais connu autant de conflits militarisés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La pauvreté est le premier facteur d’insécurité dans le monde car c’est à cause de leur précarité que de nombreuses personnes, souvent mineurs, rejoignent les rangs d’organisations criminelles/terroristes, en Afrique subsaharienne par exemple. De nombreux enfants qui n’auront pas accès à l’éducation et à la formation professionnelle. « La formation professionnelle peut limiter l’insécurité. 45 % des 15-34 ans d’Afrique sont au chômage (sans compter le travail informel). Avec environ 13 millions de personnes sur le marché du travail. Il y a un lien fort entre formation et stabilité, paix, cohésion sociale », précise Fatou Elise Ba, chercheuse en charge du programme Security humain, institut de relation internationale et stratégique (IRIS).
C’est à nous d’agir. « Aujourd’hui, l’ordre mondial instauré en 1945 est remis en question. Les intérêts des Occidentaux ne sont pas les mêmes que ceux des pays du Sud. Il faut repenser les outils multilatéraux. », explique Ahlem Gharbi, ambassadrice, délégué permanente de la France auprès de l’Organisation des Nations Unies pour la science et la culture (UNESCO).
Antoine de Saint-Denis Délégué aux affaires européennes et internationales pour le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles poursuit : « Nous sommes face à des changements extrêmes à l’internationale, que ce soit sécuritaire ou démographique. La formation joue un rôle primordial face au vieillissement de la population. »
« La formation professionnelle est un outil de Soft Power ! »
En général on pense d’abord au sport ou à la culture comme moyen non coercitifs pour un état de montrer sa puissance. Mais la formation professionnelle a sûrement sa carte à jouer dans cette discussion, du moins c’est ce qu’affirme Violaine Gagnet responsable pôle formation professionnelle, insertion et emploi, expertise France : « Penser à développer la formation professionnelle, c’est se placer sur l’échiquier mondial. C’est une nouvelle forme de soft power ». Un tournant que les acteurs de la formation professionnelle ne manqueront pas, l’Afpa en tête.
Quel rôle pour l’Afpa ?
A l’international, aux côtés de ses partenaires, l’Afpa cherche à mettre en œuvre des partenariats stratégiques, construire des solutions sur mesure adaptées aux territoires, piloter des projets avec agilité tout en renforçant les capacités locales. La communauté de la coopération internationale de l’Afpa regroupe 70 membres.
Les nouveaux objectifs sont clairs. Le premier est d’investir de nouvelles zones géographiques, des Amériques à l’Asie en passant par l’Afrique des grands lacs. Ensuite, les opérations doivent être bien organisées pour mutualiser les moyens.
Pour atteindre ses objectifs, il faut établir une stratégie partenariale pour renforcer le rayonnement international de l’Afpa. Cela passe par le renforcement des liens institutionnels ainsi que la structuration des partenariats bailleurs/opérateurs.
Des partenariats gagnant-gagnant : l'exemple de l'Albanie et du Bénin
Les acteurs d’une relation d’entraide bilatérale doivent se mettre sur la même longueur d’onde avec des objectifs communs pour que l’opération soit gagnant-gagnant. Un bel exemple de cela serait la collaboration entre l’Afpa et Expertise France en Albanie, en 2023-2024.
Ce petit pays des Balkans doit réaliser plusieurs démarches différentes dans le but de faire son entrée dans l’Union Européenne. L’un des prérequis est l’inclusion des femmes dans le monde du travail.
C’est à ce moment que l’Afpa intervient en accompagnant les acteurs locaux dans cette transition. Isabelle Pautrat, psychologue et responsable de projets à la direction de l’ingénierie et de l’innovation à l’Afpa, était sur place, elle témoigne : « Notre objectif était de donner du sens et des outils aux personnes et entreprises pour, à terme, permettre une meilleure inclusion des femmes dans le monde du travail albanais. »
Alexandre Beurthon-Dumurgier, responsable équipe projets et référent formation professionnelle à l’Agence Française de Développement (AFD), cite lui l’exemple du Bénin « Avec le financement de l’AFD et d’autres entités, française ou non, un lycée agricole a été construit et s’ouvre très tôt aux jeunes pour les former le plus tôt possible »
Plusieurs autres sujets ont été cités lors de ce colloque : tout le détail ici.