En bref
Alors qu’il s’apprête à faire valoir ses droits à la retraite, Rémy Pantecouteau, 59 ans, formateur itinérant en réseau câblé depuis 1998, revient sur son expérience au sein du Dispositif Itinérants et sur ce métier qu’il juge « passionnant», mais qu’il ne faut pas, selon lui, choisir « pour de mauvaises raisons ».
« Je pars avec regret », affirme d’emblée Rémy Pantecouteau, 59 ans, formateur itinérant des techniciens de réseau câblé, au moment de tirer sa révérence, après 34 ans de pratique, dont plus de la moitié au sein du Dispositif. L’autre mot qui revient spontanément à sa bouche, lorsqu’il porte un regard sur son métier de formateur itinérant qu’il se prépare à quitter, c’est celui de choix. Un choix qu’il faut faire selon lui en toute connaissance de cause. « Certains de ceux qui veulent devenir formateur itinérant ont une mauvaise représentation de nos activités, reconnait-il. Ils n’en voient souvent que les « avantages » : avoir une belle voiture, se promener à travers la France, dans des régions souvent dédiées à la villégiature, etc… Alors qu’en fait, ce n’est pas ça du tout ! La réactivité, le sens de l’organisation, l’anticipation, l’autonomie : ce sont des qualités qu’il faut avoir avant de s’engager, sinon on court au-devant de bien des désillusions… »
« Je n’ai vraiment pas eu le temps de m’ennuyer ! »
Des désillusions, ce breton d’adoption natif de Périgueux n’en n’a guère connu tout au long de sa carrière, assumant à chaque fois ses décisions avec tranquillité. Après 3 ans passés à courir les routes de France pour la formation itinérante des sous-traitants d’Orange, de 1982 à 1985, Rémy a souhaité devenir sédentaire pour se « poser un peu ». Une décision qui l’amène à déposer ses bagages à Hazebrouck (Nord) durant trois ans, avant de s’établir pour 10 ans à Montpellier (Hérault) où il participe à la création du plateau technique d’installateur de réseau câblé de communication (IRCC) et celui de technicien de réseau câblé de communication (TRCC).
Mais au fil du temps, une certaine forme de routine s’installe. Pour la briser, en 1998, Rémy reprend son bâton de pèlerin en postulant sur le premier poste d’itinérant ouvert à l’Afpa sur ces deux spécialités. « Ce que j’apprécie en en priorité avec le Dispositif Itinérants, confesse-t-il, c’est la diversité des activités qu’il procure : entre le remplacement des collègues, la formation auprès des entreprises, l’ingénierie de formation, la certification à distance pour la VAE, etc., Je n’ai vraiment pas eu le temps de m’ennuyer ! Pour moi, c’est le poste idéal. »
Œuvrer pour la stabilisation des statuts professionnels des itinérants
Ce qui n’a pas empêché ce suractif de porter un regard critique sur son métier en devenant délégué du personnel et délégué syndical CFDT pendant 10 ans entre 2005 et 2015. « Cette activité m’a permis de participer aux négociations qui ont abouti en 2006 à l’accord apportant un véritable statut aux itinérants, notamment en termes de salaire et de repos, aime-t-il rappeler. Au reste, pour ceux qui en douteraient encore, Rémy tient à mettre les choses au clair : « Pour ce qui est des avantages, nous n’en avons aucun ! Nous avons des compensations, ce qui est assez différent : salaire majoré d’environ 10% en moyenne et jusqu’à 15 jours de repos supplémentaires suivant la distance et la durée. »
L’itinérance, un mode de vie sur mesure pour certains
Pour ce qui est de la gestion de la vie de famille, « inconvénient majeur pour certains » selon Rémy, c’est une question qu’il a réglée de longue date : « ma femme travaille de nuit, dans une maternité, ce qui fait que dans la semaine, on ne se voit jamais ! On se voit d’avantage avec les congés supplémentaires que l’on peut avoir l’un et l’autre. C’est peut-être aussi une des raisons pour lesquelles j’ai postulé à l’itinérance ! ».
Alors que depuis un an et demi, ce spécialiste de la fibre forme exclusivement les salariés d’Orange sur les centres de Rennes et d’Angers pour des contrats professionnels en alternance uniquement réservé aux femmes, Rémy espère bien appliquer cette même alternance à son propre compte au moment de son départ à la retraite, le 30 juin : «Même si j’envisage de naviguer entre Le Grand Fougeray, où j’ai une maison, et Montpellier, je crois que je vais tout de même proposer à l’Afpa de travailler une semaine par mois ! », dit-il en riant. Quand on a la fibre, n’est-ce pas…
Philippe Lefebvre