Portrait de Guillaume
En reconversion métier "Conseiller en insertion professionnelle" ELOCE CENTER à l'Afpa de Balma
Guillaume est devenu aveugle en septembre 2017
Guillaume, a 35 ans, il est tarnais, originaire de Castres et c’est un sportif qui pratique le judo et la course à pied (« j’ai couru le semi-marathon en 2018, comme les autres, je ne souhaite pas faire d’« handi sport », me précise-t-il).
Guillaume est né malentendant et son problème d’audition n’a été diagnostiqué que lorsqu’il avait l’âge de 5 ans, c’est à ce moment-là qu’il a été appareillé de prothèses auditives. Guillaume a suivi sa scolarité en milieu ordinaire jusqu’à l’obtention d’un BTS Commerce. Il a travaillé comme conseiller de vente et son métier impliquait des déplacements quotidiens entre Toulouse, le Tarn et le Tarn et Tarn et Garonne.
A l’âge de 23 ans, Guillaume se rend compte qu’il éprouve des difficultés à conduire la nuit. Après une visite chez l’ophtalmologue, il s’oriente vers l’hôpital Purpan.
Le diagnostic tombe : Guillaume est atteint du syndrome d’Usher de type 2 caractérisé par une perte d’audition congénitale associée à une déficience visuelle progressive par rétinite pigmentaire. Guillaume est super courageux parce qu’il se dit à la fois soulagé de savoir enfin ce qu’il a mais cela ne l’empêche pas, évidemment, d’être inquiet par rapport à l’avenir.
Il se demande surtout jusqu’à quand il pourra conduire.
Sa vision nocturne est de plus en plus perturbée, elle se dégrade de jour en jour pendant 10 ans, d’abord en périphérie puis au niveau central jusqu’il y a deux ans : Guillaume se retrouve totalement non voyant, en septembre 2017.
Guillaume s’adresse alors à l’Institut des Jeunes Aveugles (IJA) pour savoir quelles possibilités lui sont offertes en terme d’accessibilité et de locomotion, connaître tout ce qui pourrait lui permettre de compenser : rééducation, aide à la vie quotidienne, outils techniques dont informatique et apprentissage du braille. Le but de Guillaume étant de continuer à vivre de façon autonome, et c’est essentiellement LAGON, son chien guide devenu son fidèle compagnon depuis 2 ans qui va le lui permettre. Guillaume est aussi équipé d’un Iphone 7 qui propose la fonctionnalité Voice Over développé par Apple qui lit par synthèse vocale ce qui est affiché à l’écran.
Reconversion en cours du métier de conseiller de vente à la formation de conseiller en insertion professionnelle
Dès 2013, Guillaume envisage une reconversion, conscient qu’il ne pourra plus exercer sa fonction de commercial. Il réalise alors une immersion en milieu professionnel auprès d’une Conseillère en Insertion Professionnelle du CAP EMPLOI 81, à Albi.
En complément, il réalise des enquêtes métiers et fait son cheminement jusqu’aux Journées Portes Ouvertes de l’Afpa en avril dernier où j’ai eu le plaisir de l’accueillir et la chance de le rencontrer puis de le recroiser en septembre et d’apprendre que Guillaume avait intégré la formation de Conseiller en Insertion Professionnelle dans l’Eloce center de Balma.
Adaptations pédagogiques mises en place par l’Afpa avec l’Institut des Jeunes Aveugles
Les évaluations de l’Afpa ont été adaptées par un transcripteur de l’IJA. Djamila Causse, référente TH à l’Afpa Balma travaille en lien avec l’IJA.
Djamila avec la formatrice CIP, ont mis en place un ensemble d’adaptations pour permettre à Guillaume, mais aussi à Rachid (également non voyant). Lorsque j’ai interviewé Guillaume, j’ai appris qu’une troisième stagiaire non voyante était entrée sur une session de Conseillère Relations Clients à Distance à Balma.
Guillaume précise que le fait d’intégrer des stagiaires non-voyants en formation constitue un apport pour le groupe : ouverture d’esprit sur le monde du handicap. Intérêt pour ce milieu au niveau de la culture. Guillaume envisage aussi d’animer, avec les formateurs et Djamila Causse, une sensibilisation au handicap auprès des stagiaires et des personnels de l’Afpa.
Guillaume estime que les difficultés qu’il a rencontrées au début sont aujourd’hui résolues : il s’est en effet adapté au changement d’environnement, aux nouveaux trajets et à ses nouveaux « collègues ». Des règles de vie facilitatrices ont été mises en place : par exemple, avant une prise de parole en groupe, chaque stagiaire énonce son prénom.
Projet professionnel de Guillaume
Quand on lui pose la question, Guillaume précise qu’il ne souhaite pas forcément s’insérer dans le « milieu du handicap » et que son « projet idéal » serait de travailler dans le milieu sportif et le « sport au service de l’insertion ».
Sophie IZARD
Responsable communication
Afpa Occitanie